domingo, 3 de junio de 2012

Aux États-Unis, entre les années 1880 et 1910, la naissance de la consommation de masse est liée à la montée des managers dans les firmes bureaucratiques et à celle d’un nouveau corps spécialisé dans l’harmonie sociale et psychologique qui offre simultanément les promesses d’un bien-être matériel et psychologique aussi bien qu’une légitimité au nouvel ordre social. (…) L’éthique protestante du salut amorce un déplacement vers une culture thérapeutique caractérisée par un souci intense de la santé physique et psychologique, et une réalisation de soi dans le monde terrestre : la consommation de masse amorce son essor à ce moment-là, et en même temps se développe le langage psychologique à travers une abondante littérature sur la personnalité regorgeant de recettes multiples sur les moyens de la développer, de séduire les autres, de bien se présenter. Le caractère, auquel suffisait une morale de la retenue et une discipline corporelle, recule au profit de la personnalité, qui a besoin d’être soutenue par des conseils pour se prendre en charge en fonction des situations. Alain Ehrenberg, L’Individu incertain, éditions Calmann-Lévy, 1995.